mercredi 20 février 2013

Karlie Kloss, du jeune mannequin au produit de marque

Pour information, Karlie Kloss a 20 ans, est un mannequin américain et a dans son CV 
environ 60 campagnes, 35 couvertures de magazine et 170 éditos à son actif. 
Si vous aimez la mode, et que vous n'avez jamais entendu parler d'elle, il y a un problème.

Lorsque j'ai décidé de m'intéresser vraiment à la mode, fin 2008, je me suis dit que le meilleur moyen de "rentrer" dans le vif du sujet était de suivre l'actualité d'un mannequin. Au moins, à partir de cette personne, j'aurais une vue sur les créateurs durant les fashion weeks, les magazines qu'il faut connaitre, les photographes influents et toute la mécanique qui fait tourner l'industrie. Ne connaissant quasiment personne, j'ai pris un édito qui rassemblait plein de mannequins et j'ai google-isé ces derniers les uns après les autres. L'américaine de plus de 16 ans à l'époque, Karlie Kloss, était sortie du lot. Cela faisait an et demi qu'elle défilait, était toute fraîche et commençait à faire de bonnes parutions. Elle avait une démarche de zombie sur le runway qui la caractérisait et que j'adorais. J'ai bien fait de la choisir car elle a explosé en 2009. Elle était quasiment tout le temps dans le Vogue US, faisait des fashion weeks avec une cinquantaine de shows bookés chaque saison, décrochait de superbes campagnes. Elle était à la fois l'américaine typique, attachée à sa famille, sportive et avenante, et le mannequin qui défilait pour les plus grandes Maisons. Pour être franche, je n'aurais pas pu avoir meilleur guide que Karlie pour découvrir le monde de la mode. 

Aujourd'hui, Karlie Kloss m'énerve. Elle est sur-médiatisée, exclusive, est devenu un ange Victoria's Secret et choisit ses projets dans le seul intérêt de se faire de l'argent. Elle est devenu un produit marketing, une marque à elle seule. Tant mieux pour elle qu'elle soit passée au-dessus de la simple étiquette de mannequin, qu'elle soit overbookée par les projets et que sa fortune puisse subvenir aux besoins de ses quatre prochaines générations. Je regrette juste, qu'avec tout ça, elle ait perdu toute sa fraîcheur, son charme et son coté atypique. Même dans ses interviews, je la trouve changée. Elle n'est plus aussi intéressante qu'en 2009 et 2010, pour moi. Elle a commencé sa reconversion en 2011, où elle a commencé à être davantage mondaine et à devenir plus sélective durant les fashion weeks, comme je l'ai déjà mentionné dans cet article. Aujourd'hui, je suis quasi-sûre qu'elle et ses agents font un deal avec les créateurs de mode du style "je défile, si j'ouvre ou ferme ton défilé, ou si je suis dans les premiers looks." D'ailleurs, lorsque Karlie a quitté Next et son agence mère pour IMG, l'agence des Top models, c'était uniquement pour avoir plus de visibilité et plus de contrats juteux. Karlie Kloss fait la promotion de la mode new-yorkaise dans tous les projets possibles, présente l'émission House of Style sur MTV avec Joan Smalls, vend ses cookies qu'elle a appelés Karlies Kookies et fait de toutes ses apparitions sur le catwalk un événement. Tout le monde veut être ami avec Karlie, veut être Karlie, veut Karlie. C'est le mannequin bankable assuré du moment. Quand je vois Vogue Paris tweeter tous les looks de Karlie à un défilé, ça me fait gentillement sourire car Karlie n'a jamais été l'une de leur favorite, mais bon, pour l'image et les retweets, c'est cool de mentionner la jeune américaine. 

La vie et les choix de Karlie ne regardent qu'elle. Comme je l'ai dit plus haut, tant mieux pour elle si elle s'épanouit dans ce qu'elle fait. Elle a surement gagné plus de fans qu'elle n'en a perdu ces dernières années. Je continue de garder un oeil sur son actualité car elle reste un mannequin qui excelle en pose et ses éditos sont toujours réussis. Des rumeurs disent qu'elle a pris la grosse tête avec toute cette médiatisation. Je ne peux rien confirmer puisque je ne la connais pas personnellement. J'ai juste remarqué que ces dernières années, elle a pris confiance en elle d'une façon assez prononcée, et je trouve qu'elle est moins naturelle qu'auparavant dans ses interviews. Il n'y a pas que moi qui trouve dommage ce changement d'aptitude. Ces deux anciens agents, Mary et Jeff Clarke, ceux qui l'ont découverte à 13 ans et qui ont fait d'elle ce qu'elle est aujourd'hui, semblent aussi être déçus par Karlie. Elle les a quitté de façon brutale en même temps qu'elle est parti de chez Next et omet aujourd'hui de les mentionner dans ses interviews lorsqu'elle raconte ses débuts à la presse. Suite à cette interview de Karlie pour le Wall Street Journal, Mary Clarke a posté un message sur le mur facebook de son mari et il est plutôt lourd de sens: "Concernant le dernier article sur l'un de nos anciens mannequins, je dirai simplement: durant cinq ans, la communauté de la mode a vu mon mari (et moi-même quand c'était possible) se fatiguer à voyager et à la soutenir pour l'aider à réaliser ses rêves. Cinq ans, durant toutes les FW, du début jusqu'à la fin... et pour d'autres voyages entre temps. Réécrire l'histoire et essayer de la rendre autrement à sa famille et à sa marque, sans dire la vérité sur comment elle est arrivée là où elle est. Je ne vais pas rester assise à ne rien dire, surtout quand il s'agit de sacrifice personnel et d'années de dur travail que mon mari a réalisées pour elle et pour notre business. (...) Mon message témoigne de l'intégrité, ou de son manque, des personnes qui racontent une histoire et qui agissent comme si de rien ne s'était passé. Il n'y a rien de BEAU chez une personne capable de faire de telle chose." (x) Je suis l'actualité de Karlie Kloss depuis ses débuts quasiment et je peux vous assurer que Jeff Clarke a toujours été présent auprès d'elle. Ceux qui ont vu Karlie à des sorties de défilés ont surement croiser Jeff Clarke sans s'en rendre compte. Dans l'article du WSJ, Karlie évoque un model scout et un agent de Chicago sans dire de nom alors que ces deux personnes sont une seule et même personne, à savoir Jeff, et elle insiste sur le fait qu'elle a toujours été soutenue et accompagnée par sa famille durant les FW et divers voyages, alors qu'en réalité, c'était Jeff qui était toujours là et de temps en temps, des membres de sa famille. 

Karlie est devenu un produit et il faut bien raconter sa vie tel un conte de fée pour émerveiller ceux qui ne la connaissent pas encore. On dit que Karlie est le prochain Top Model. Personnellement, je le disais en 2009 mais ça ne tenait qu'à moi et c'était utopique. Aujourd'hui, c'est totalement possible, et c'est sans doute ce qu'il va se produire. Karlie Kloss est américaine et les Etats-Unis sont les rois de la communication, du marketing et de l'entertainment. Ils favorisent toujours plus les célébrités made in USA que les autres. Cela ne me surprendrait pas que MTV laisse Karlie présenter toute seule House of Style - ou une autre émission - à l'avenir. Quand Karlie a coupé ses cheveux, le Vogue US a écrit un article de quatre pages dessus, et le New York Times a décrit son carré comme la coupe de l'année dans un article paru en janvier. Vous voyez où je veux en venir.

J'ai adoré la Karlie qui défilait pour Prada grâce sa démarche de zombie. 
Je me lasse déjà de la SuperKarlie qu'on voit partout.

1. Close-up de Karlie sur un défilé, datant de 2009 ou 2010
2. Karlie pour le Vogue Paris de mars 2013
3. Karlie aux Grammy Awards, le 7 février dernier

vendredi 8 février 2013

Woodkid x Matvey x KVA


I Love You est le dernier clip de l'artiste français Yoann Lemoine, plus connu sous le nom de Woodkid. Ce clip, pensé et dirigé par l'artiste, raconte l'histoire d'un homme désespéré par la perte d'un être cher qui va littéralement noyer son chagrin d'amour dans les eaux profondes de l'océan.

Le mannequin russe Matvey Lykov a été choisi pour jouer l'homme perdu
et il est habillé dans ce clip par Kris Van Assche (DA de Dior Homme).

Musique et styling parfait, comme à chaque fois, avec Woodkid 
(traduction de la chanson ici si vous voulez)



Pour la petite histoire, Matvey Lykov fut l'un des premiers mannequins Homme qui a attiré mon attention il y a quelques années de cela maintenant. Je suis donc ravie qu'il ait été choisi par Woodkid pour son dernier clip, et encore plus qu'il soit habillé par Kris Van Assche !
crédit gif:  jijwai.tumblr

jeudi 7 février 2013

Célébrités, défilés, un business négocié

Rien de mieux que de commencer la NYFW en s'intéressant aux arrangements que ce font les célébrités et les marques pendant les défilés. Si vous ne l'étiez pas déjà au courant, les célébrités sont généralement payées pour assister au premier rang des défilés. Toi, tu quémandes ton invitation Saint Laurent for free of course, alors que d'autres la reçoivent sur un plateau d'argent. Toi, cela ne te viendrais même pas à l'esprit d'être payé(e) pour assister un événement qui t'enchante, alors que d'autres  seraient ennuyés de devoir regarder gratuitement des porte-manteaux défiler. Mais toi, tu n'apportes rien à la marque comparé aux autres. Cependant, les rageux du système peuvent atténuer leur jalousie, car si cette méthode de communication a connu son plus grand succès en 2007 et 2008, aujourd'hui, les marques tendent à payer moins les célébrités, voire à s'arranger autrement.


Au lieu de signer un chèque à cinq chiffres à une célébrité, certaines marques préfèrent leur donner des avantages en nature en échange de leur présence comme la prise en compte du transport et de l'hébergement, un service de voiture à disposition, une maquilleuse à leur côté et bien entendu, un imposant sac rempli des vêtements. Du moment que la marque paye moins la présence de la star, l'accord fonctionne. Après, toutes les célébrités ne peuvent pas y goûter, ou n'y peuvent plus. Les marques prennent désormais en compte l'exclusivité de la célébrité pendant la fashion week, car le but pour la marque, rappelons-le, est de diffuser leur nom à travers la célébrité et d'avoir des retombées presse. Si une star va à un défilé chaque jour, où est la rareté de son geste ? La presse ne va pas parler d'elle sept jours de suite, la marque risque alors de ne pas être mentionné. La seule chose qui serait profitable pour la marque dans cette situation est que son défilé soit le premier show auquel la célébrité assiste, voire le deuxième, sinon ce n'est pas rentable pour la marque de payer la star, en chèque comme en avantages. Le mieux serait une exclusivité de la célébrité, généralement réservée aux égéries, qui s'engage à ne pas aller à d'autres défilés durant le mois de la fashion week. L'ordre du chèque peut monter jusqu'à 100 000$, pour seulement 15 min d'apparence. Vous l'auriez compris, ce genre de pratique est réservé aux grandes marques qui doivent à peine ressentir la crise. Les jeunes marques, si elles sont bien vues, peuvent profiter de leur image branchée et inviter gratuitement leurs amis stars qui accepterons volontiers parce que c'est trop hype les collections Proenza Schouler et c'est trop cool d'être vu chez Joseph (aka Altuzarra, pour toi, le non-ami).


Les autres critères des marques dans leur choix de célébrités sont de l'ordre de la popularité de la célébrité, de son côté bankable ou exclusif en matière de photos (si son image se vend chère, les paparazzi vont se battre  pour la photographier et la presse va avoir un plaisir à parler d'elle) et de sa réputation (si la marque veut vraiment être affiliée à elle). Au final, c'est comme si la star passait un casting pour voir un défilé, dont elle s'en moque un peu puisqu'elle a un styliste qui lui choisit ses habits. Et attention, grosse pression sur elle, son estimation en dollars peut varier d'année en année: si elle sort avec un acteur bankable + 10 000$, si ces deux derniers films ont fait un flop -20 000$, si elle est de plus en plus dans les magazines +10 000$, si elle est nominée aux Oscars Jackpot, si elle a été interpellée beurrée dans un trafic de drogue à une soirée échangiste, qu'elle ne tente même pas sa chance

La seule chose qui ait changé par rapport à 2007, c'est que la star a davantage la pression pour assister à un défilé, il faut qu'elle soit impeccable et qu'elle choisisse avec finesse son fashion marathon, car elle a beau recevoir un chèque ou une veste à 1000$ en échange de sa présence, elle doit tout de même assurer niveau relation publique pour que la marque voit son investissement rentable. 
On aurait presque pitié d'elle.


Ordre de prix:
A-liste stars, exclusives, comme Beyonce, Jessica Chastain: 100 000$
A-liste stars, non-exclusives, comme Emma Stone, Alicia Keys: 40 000 à 60 000$
B ou C-liste stars comme Vanessa Hudgens, Selena Gomez: 30 000$
Stars de la TV-réalité ou qui a fait du buzz: entre 0 et 5 000$

Sources: Fashionista, NYpost
Photos: Amy Adams, Emma Stone & Diane Kruger chez Calvin Klein; Hailee Steinfeld & Jennifer Lawrence chez Miu Miu; Charlotte Casiraghi & Elle Fanning chez Chanel

samedi 2 février 2013

Campagne S/S 2013 | Lanvin | "I wish I was There"

Fin octobre 2012: Lanvin shoote sa campagne Spring/Summer 2013 à New-York avec un casting de Tops. Sandy, jalouse, veut elle aussi son moment de gloire. Elle décide de tenter sa chance à New-York, monopolise l'attention et fait des ravages. Alber Elbaz est à Paris. Sandy, aigrie, ne veut pas qu'il vienne. Elle l'empêche de prendre l'avion. Alber doit pourtant superviser le shooting de la saison. Sandy s'en moque. Mais Alber est plus malin. Internet est à la rescousse. Skype est hype. Karlie, Daria et Saskia sont sauvées. Il va pouvoir les diriger, par écrans interposés. Le shooting se passe. Sandy trépasse. Alber prend note et fait de cette expérience une anecdote. L'inspiration devient narration. Pourquoi pas en faire une fiction ? 


Campagne réalisée par Steven Meisel
avec Saskia de Brauw, Karlie Kloss, Daria Strokous
Michael Lange, Kristoffer Hasslevall, Christian Garcia


vendredi 1 février 2013

& Other Stories, lookbook S/S 2013


& Other Stories, la nouvelle marque du groupe H&M, vient de dévoiler le lookbook de sa première collection. Ce n'est pas mal mais ce n'est pas non plus incroyable. Lorsque H&M avait annoncé leur nouveau projet, il l'avait annoncé en tant que "ligne haut de gamme du groupe". Du coup, je m'attendais vraiment à voir des prix élevés tels que 100€ le top, mais il s'avère en réalité que les prix s'alignent sur la concurrence, à savoir la ligne Women de Zara (&OS est légèrement plus cher cela dit). D'un côté, tant mieux pour le porte-monnaie, mais est ce que la qualité suit ? Car si c'est comme Zara qui ait monté en gamme et surtout en prix avec sa ligne Women alors que la qualité est la même qu'il y a trois ans, & Other Stories ne serait alors, pour le groupe H&M, qu'un prétexte pour se faire une sacrée marge et concurrencer de près le groupe Inditex (Zara) sous cette image chic et soit-disant "premium" de la marque. Cela dit, j'émets un point très positif pour les accessoires, à condition que les colliers ne s'oxydent pas au bout d'un mois. Les chaussures, dessinées par Nicole Wilson (chaussures Acne Studio), font très suédois: originales et minimalistes; et j'ai déjà un coup de coeur pour le sac avec l'anse en chaîne à 145€. 
Il est temps que ce magasin ouvre Rue Saint Honoré, histoire de voir si & Other Stories vaut le coup, esthétiquement et qualitativement parlant. 


nb: les prix viennent du site de L'Express Style, mais tous les looks ne sont pas détaillés dans leur diaporama/article